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#Humeur 6 : César, la célébration du consensus

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Alea jacta est. Le Rubicon, semble-t-il, a été définitivement franchi lors cette misérable soirée des César, où le sacrement du médiocre achève d’enfoncer cette cérémonie dans un mainstream à l’apparence estimable. L’enjeu ? Une perte radicale de crédibilité, si seulement il en restait suffisamment à l’Académie des César et aux « professionnels de la profession » pour en perdre encore… Bon sang ! Quel imbécile espoir ou quelle crétine naïveté nous surprend chaque année à croire à un palmarès plus digne qu’exaspérant ?

Une fois donc lancée la dynamique de l’ordinaire, rien n’arrêta plus la consécration, ce triste soir de fin février au Théâtre du Châtelet, des films les plus consensuels de l’année, ceux qui allient la qualité relative, une certaine réussite au box-office (la « reconnaissance » du public) et la bénédiction des critiques. En somme, le culte de l’entreprise du « soyons dans le sacro-saint empire du milieu », ni trop populaire, ni trop ambitieux (surtout pas cérébral). La prudence comme étoile du berger, pour guider vers un succès facilement respectable par le plus grand nombre de tous (critiques, spectateurs…). Une certaine acception du populisme en réalité…

Voyons, il n’y aura guère que les haters pour oser s’élever contre ce palmarès, cette grasse célébration du consensus ! Nous y voilà : quand la masse impose son plus insignifiant idéal translucide comme référence, il fait parfois bon d’être parmi les haters ! Qui sont-ils ceux-là ? Ce sont les passionnés, les amoureux du septième art, qui ne retrouvent pas dans le palmarès l’essence même de leur passion : l’étincelle et l’exception. Bientôt, on les taxera d’élitistes, voir de geeks…Pourtant, l’évidence est à vomir -forcément- : en évitant d’être trop élitistes, les César jouent d’une séduction sans aucun amour-propre, sans la moindre fierté, troquant l’ambition de ce que leur art représente pour une aimable connivence, vendant leur dignité aux marchands de plaisirs rapides et faciles, piétinant leur crédibilité en jetant à terre tout scrupule ! Triste cinéma que celui-ci, qui récompense Gallienne, Kiberlain, Dupontel (pourtant pas mauvais).

Qu’y a-t-il donc de scandaleux alors !? Un double attentat ! Un cinématographicide !

Oubliez vite que toutes les récompenses commencent par « meilleur(e) » !

Et qu’elles couvrent un an entier de cinéma français ! On se rend vite compte que ces récompenses ne veulent plus rien dire du tout : elles n’existent désormais que pour être un faire-valoir médiatique du show-biz…

A qui profite le crime ? Les producteurs ? Les médias ? Peu importe : L’indignation est pure, elle ne se tourne que vers l’art ! En effet, qui peut penser réellement que le sympathique Guillaume et les garçons, à table ! est le MEILLEUR FILM de l’année ? Que le prudent Gallienne a réalisé là le film que tous les professionnels s’accordent à reconnaître comme le plus abouti et le plus remarquable ? (Comment ? Comment ? les « amis » votants considèrent-ils donc le sociétaire de la Comédie Française aussi bon que Canet, sacré lui-même du haut de sa médiocrité meilleur réalisateur à l’époque de son Ne le dis à personne?).

En face? L’inconnu du Lac, sublime, radical, chef d’œuvre du film noir lumineux, fabuleux film d’images aussi picturales que colorées… En face encore? La Vie d’Adèle, que le monde entier récompense, alliant la encore la radicalité à la plus grande sensibilité, et la sensualité à la plus directe puissance charnelle, alliant aussi le social à l’intime dans une subtilité crue?  Un camouflet pour le bon sens, une gifle pour l’art, une honte tout simplement…

Dorénavant, ceux qui ne connaissent pas grand chose au cinéma pourront hurler avec effronterie et insolence que leur goût est le meilleur : « Eh ducon, l’AAAAcadémie même de ta passion valide, alors ?!« 

Premier attentat donc : oublier de récompenser, parmi les nominés, les meilleurs… Et mettre à l’honneur le mou, le moyen (l’oubli de la mise en scène est symptomatique de cet éloignement du pur cinéma au profit d’un ensemble bien plus poli).

Nous éviterons de parler -pour ne pas nous faire de mal- de la victoire de Sandrine Kiberlain. Performance honorable, elle n’était pourtant pas DU TOUT la meilleure des artistes nommées… Toujours ce premier crime donc…

Davantage que les incroyables 10 nominations pour le film de Gallienne (l’Académie nous refaisait le coup  du nombre improbable de nominations pour un film moyen, se dit-on, tout juste un an après le trop estimé Camille Redouble de Lvovsky), c’est l’oubli incompréhensible des autres films français, ceux qui sont du vrai cinéma, qu’on aime ou qu’on déteste certes, mais ceux qui osent, ceux qui ressemblent à du cinéma, c’est tout…

Il est donc là ce deuxième homicide artistique : Celui qui consiste à, non seulement ne pas récompenser les meilleurs, mais surtout, comble de l’ingratitude, à ne même pas les nommer ! Les rencontres d’après minuit oubliées, Camille Claudel 1915 snobé (l’absence de Juliette Binoche étant le plus inconsidéré des « oublis »), Mon âme par toi guérie  et Le Temps de l’Aventure absents…Il y a de l’indécence dans ce consensus médiocre du tiède. Et une totale déconsidération de ceux qui aiment et connaissent un minimum le cinéma.Les César, définitivement, ne semblent pas vouloir être autre chose qu’un ridicule reflet nombriliste et fier de leur tiédeur, loin de toute audace et toute objectivité (oui, il y a toujours une grande part de subjectivité, mais il y a des évidences que quiconque connait un minimum le 7ème art ne peut nier). Peut-on garder l’espoir que, très vite -dès l’an prochain ?- les « meilleurs » soient récompensés, à défaut de voir reconnu le « populaire intelligent » Pas sûr ! On préfère se fier aux Prix Louis Delluc, plus fiables ! Les César ou cet excès de platitude. L’essoufflement sur du plat : pathétique… Un peu de relief, que diable !

Rick Panegy


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